Dormir sous des bâches bleues
Prêtées par des hommes blancs
Ne plus aller où l'on veut
Comme avant...
Avant comme en Palestine
Au Bhoutan ou au Soudan
Nos concessions sont des ruines
Et pourtant...
Pourtant ces lopins si nus
Pourtant ces climats arides
Nous manquent à nous devenus
Apatrides...
Si je ne suis pas d'ici
Serais-je encore de là-bas ?
Ici la natte d'autrui ?
Ou chez moi ?
(Refrain)
Entre terre et terre
Suspendue la vie
Domestique Enfer
Triste paradis
(partie rap)
Qui se souvient encore / du planteur massali
Qui avait eu le tort / de nourrir sa famille
Sur un lopin de terre / brûlé par des milices
Enivrées par la guerre / grisés par les sévices
Qui se souvient encore / des colonnes exilées
Par des parfums de mort / de conflits insensés
Qui pourra consoler / l'intimité souillée
De nos mères outragées / nomades improvisées
Qui entend résonner / les cris en kurmandji
De Kurdes exilés / si loin de leur Syrie
La détresse orientale / de l’enfant bhoutanais
Cantonné au Népal / sans être népalais
Les appels de Jénine / ceux de Nahr al Bared
Pour des guerres intestines / pour des maux sans remède
Saura-t-on les entendre / avant Lampedusa
Avant qu’ils se suspendent / aux grilles de Melilla
Ré... fu... giées...
Ré... fu... giées...
Ocre le vent du Sahel
Âcre son goût dans la bouche
Usées la manche, la margelle
La babouche
Une vie comme un intermède
Un avenir qui se fige
Et la question qui obsède
« Qui suis-je ? »
La vie survit malgré tout
Dans ce provisoire sans fin
L'exil mais pas à genoux
Et demain ?
Demain reprendre la route
Vers chez soi ou un ailleurs
Le familier ou le doute
Un meilleur...