Une petite pièce très sombre,
les volets sont restés mi-clos
et au milieu de cette pénombre,
une silhouette courbe le dos
La grosse comtoise contre le mur
assène sont refrain lancinant
qui au fil des ans perdure
en égrainant le cour du temps
Sur la cheminée, quelques bibelots
que la poussière à entâché
Une vielle pipe, une photo
témoignent un peu de son passé
Un jeune et beau militaire
qui l'enserre dans ses bras
qui est parti mourir à la guerre
la laissant dans le désarroi
Depuis elle a toujours gardé le deuil
et n'a jamais été maman.
Aujourd'hui devant son seuil
il n'y a pas de descendant
Personne avec qui discuter,
avec qui passé le temps
Seul le carillon des heures passées
déchire cet atmosphère pesant
Il y avait bien son amie Hortense
qui venait souvent partager
juste après l'office du dimanche
le souvenir des belles années
Mais ses proches l'ont emmené
loins du village de son enfance
dans une maison spécialisée
là-bas, à l'autre bout de la France
La veuve est vraiment seule à présent
Personne ne vient plus la visiter
à presque quatre-vingt dix printemps
le temps aussi l'a oublié