De toute évidence, décédé d’une mort naturelle, le
médecin de famille s’apprêtait logiquement à signer
le permis d’inhumer de Mr le Duc de Joyeuse.
La veuve Joyeuse imaginait déjà sa nouvelle vie
agrémentée d’une somme rondelette que ne
manquerait pas de lui verser la société d’assurance.
En effet, il y a quelques mois le couple y avait
souscrit une police sur la vie d’un million de francs
suisses.
L’importance de la somme et la soudaineté de la
disparition du mari, interpellèrent comme souvent en
tel cas, l’enquêteur de la société de courtage.
Celui-ci fit part de ses soupçons au commissariat
de ce canton helvétique, qui ordonna sur le champ
une autopsie.
Bien que le corps du défunt ne présentait aucune
lésion externe, le médecin légiste constata avec
surprise le ravage causé aux organes internes et plus
étonnant encore en extirpa la balle de fort calibre
responsable de ce désastre.
Le commissaire eut tôt fait de comprendre le
cheminement du projectile.
En effet la délicieuse veuve durant une partie fine
avait eut l’idée, à l’aide d’une seringue de 9 mm
équipée d’un silencieux, d’administrer son remède
mortel par les voies naturelles laissant ainsi croire à
une mort de même nature.
Le trou de bal n’avait jamais aussi bien porté son
nom.
Lors des audiences, la veuve enfin éplorée tenta
vainement de faire croire que cette effroyable
sodomie pardon tragédie était le résultat de jeux
érotiques ayant mal tourné mais l’accusation jugea
cette hypothèse sans fondement.
De plus, après examen approfondi de l’arme du
crime, on put établir que le canon de celle-ci avait été
muni d’un préservatif afin que les résidus de poudre
lors de la détonation ne souillent pas la rondelle de
feu monsieur le défunt.
Par voies de conséquence et après un procès qui
restera dans les annales, notre veuve effondrée fut
mise au trou… de Bâle bien sûr, tout proche des
chutes du Rhin.
Taupaz