Rendez-moi mon fils

De OPPROBRE le 09/07/2020 (4 visites depuis 7 jours)

Rendez moi mon fils


Rendez moi mon fils

Quand il était enfant

Rendez moi mon fils

Quand il était innocent

Rendez moi mon fils

Quand il était attachant

Rendez moi mon fils

Qui est devenu tellement chiant

Rendez moi mon fils

Tout simplement








Je me souviens de tes premiers pas

De notre première séance de cinéma

Aujourd’hui , tu ne sais prononcer que trois mots :

« Chai pas !»

Depuis combien de temps on ne se parle pas ?

Je me souviens de tes sourires émerveillés

De nos premières visites au musée

A l’époque, un rien t’intéressait

Je me souviens quand je te portais

Sur mes genoux, sur mes épaules, dans mon coeur

De mes mains passées dans tes cheveux

Quand maman nous grondait quand on revenait en sueur

Quand tu me disais sans sourciller que tu étais amoureux

On ne se rend pas bien compte quand on est jeune parent

Que ce sont les meilleurs moments

Quand l’enfant n’est pas encore trop grand

Qu’il n’est pas encore indifférent

Qu’il sautille de frénésie lorsqu’on passe la porte

Cette complicité évolue puis se dilue

Puis s’évapore comme le sel de la mer Morte

Est-ce la fatalité ?

Ai-je ma part de responsabilité ?

Suis-je devenu un vieux con ?

Ou es-tu devenu un jeune con ?

En tous les cas, je préfère me souvenir

Car je sais qu’il n’y a plus de beaux moments à venir









Rendez moi mon fils

Quand il était enfant

Rendez moi mon fils

Quand il était innocent

Rendez moi mon fils

Quand il était attachant

Rendez moi mon fils

Qui est devenu tellement chiant

Rendez moi mon fils

Tout simplement








Je me souviens des histoires du soir

Des verbes être et avoir

Des additions, des soustractions

Des foules de questions

Comme : « Après papa , on est papy et après papy ?? »

De ta vision simple de la vie

Des vacances à l’Ile Maurice ou en Tunisie

De mon refus de t’envoyer en colonie

Je me souviens quand tu me grondais

Quand en voiture, certains gros mots étaient énoncés

De ta première amoureuse prénommée Zélia

De toutes tes premières fois :

Parler, marcher, écolier, nager

De tes premières amitiés

Qui étaient censées durer

Je me souviens de notre complicité

J’étais l’oreille à qui tu aimais te confier

A en rendre jalouse ta maman

Avec qui tu étais plus distant

Et j’avoue que j’en étais content

Car je voulais que ce ne soit que toi et moi

Je me souviens quand tu te cachais sous les draps

Des après-midi au square, des tours de vélo

Des heures passées en voiture à écouter la radio

Des pansements, des petits bobos

Des anniversaires, des voitures Flash Mc Queen

Des plongées en piscine, des figurines

Des Happy Meal, des saltos sur le trampoline

Nous partions à la (re)découverte du monde

Sur la même longueur d’onde

Je me souviens de cette relation fusionnelle

Que j’ai cru intemporelle







Rendez moi mon fils

Quand il était enfant

Rendez moi mon fils

Quand il était innocent

Rendez moi mon fils

Quand il était attachant

Rendez moi mon fils

Qui est devenu tellement chiant

Rendez moi mon fils

Tout simplement








Actuellement, tout est (in)différent

C’est la période plus difficile pour chaque parent

Celle où on doit savoir s’adapter

Celle où on doit savoir s’effacer

Celle où on doit assimiler

Que le coeur de notre enfant

N’est plus seulement

Cantonné à ses seuls parents

Les copains, les copines semblent avoir plus d’importance

Le smartphone est devenu ton nouveau lieu de confidence

Insta et Snap sont devenus les reflets de ta vie

La Playstation est ton nouvel ami

Tu n’as plus de question, tu ne demandes plus mon avis

Tu me dis toujours que je dois te faire confiance

Mais la réalité est que je connais plus grand-chose de toi

Nous ne partons plus ensemble en vacances

Nos repas familiaux se limitent à des plateaux-repas

Comment a – t – on pu en arriver là ?