Nuit noire
au bout du monde
une fille née dans un congélo
un garçon élevé comme un rêne perdu dans la toundra
nuit polaire
au nord de tout
l’enfer sur terre
paradis plein hiver
vent debout
à moins 70 tout est laid
tout est beau
tout est trop
aucune route pour s’échapper dit le garçon
juste du gaz à respirer dit la fille
en quelques mots recrachés
en glaçons qui se fracasseront
sur la mer de Kara
là-haut là-bas
au nord du froid
Comme un shot de vodka
le sang ne coule pas
sitôt glacé à même la plaie
sur leurs torses
et leurs bras
couverts de cicatrices
de tatouages jouant à faire peur
aux autres aux parents
La nuit ne se termine pas
assommante
on s’en fout
on se carbonise sous la suie
à l’alcool de patates
sans point de fuite
on s’en fout du cercle polaire
et on pleure
vraiment
ou on ricane
pourvu que la nuit dure
pourvu que mon âme se gèle les couilles
La fumée des hauts fourneaux
rétrécie nos espérances
et les containers à gnôle de bison
bouchent l’horizon
pourvu que j’ai la force de boire
adieu aux hommes