Je me suis perdu dans ton île 
Entre les lianes et les rivières 
Dans tes névroses et tes idylles 
J’ai même vu ton cœur de pierre 
Tes plages sont comme des caresses 
Qui m’ont laissé du sable fin 
Dans les cheveux et dans la liesse 
 
J’ai fait le tour de tes rivages 
De rhum en rire, je t’ai trouvée 
Mais aujourd’hui, je tourne la page 
Je cherche encore le temps passé 
Que j’ai pleuré dans tes cascades 
Quand emmêlés étaient nos pleurs 
Que j’ai eu peur dans tes façades 
Même noyé parmi les fleurs 
 
Pendant cent ans, oui j’ai été 
Ton Crusoé, comme un esclave 
La mer était mes barbelés 
La fin finie de ton enclave 
Pendant mille ans, j’étais le nain 
L’horrible gnome de ta psyché 
Qui a fouillé chaque recoin 
Du terrain vague de tes pensées 
 
Et ce matin, sur un radeau 
De quelques feuilles et de bambou 
J’ai pris le large loin des oiseaux 
De cette Terre, j’en vois le bout 
Mais tu connais tous les grands dieux 
Qui font alors tourner les vents 
À l’escapade, j’ai dit adieu 
Me revoilà, le cœur tapant 
 
Je suis perdu dans tes fougères 
Là où mes cris se sont dissouts 
Et même sous la pluie légère 
Je sens ta peau comme un caillou 
Je vais je viens dans les feuillages 
Je cherche encore le mot exit 
Le moindre trou est un naufrage 
Je vis ma vie toujours en fuite