des classes préfabriquées, alignées comme une caserne au garde-à-vous.Une volée de blouses grises, comme autant de moineaux qui s'égaillent dans une cour en terre battue.Et un jour, la voilà l'école des grands.Je la vois de ma fenêtre, qui émerge lentement d'un champ en friche.Grande bâtisse sur deux étages, prête à recevoir les futurs premiers de la classe et les cancres comme moi, avec le chauffage central et les toilettes. En attendant je fais connaissance avec elle, je la défie déjà, alors qu’elle ne vit pas encore. Saut du deuxième sur un tas de sable, course poursuite dans ces murs froids, et ses classes vides, comme pour lui dire : « Je veux te connaître, t'apprivoiser » Donne-moi envie de t’aimer, et de comprendre les belles choses que l'on va m'y enseigner.Apprends-moi les belles paroles de la vie, la portée de ce que je dis. Apprends-moi les hommes avec leurs défauts, et leurs qualités aussi.La misère et l’inégalité, la lâcheté et le courage, je ne suis que de passage.Mais dis-moi aussi la couleur des gens et leurs différence, que je sois plus sage.Dis-moi que le monde est ma maison, et que les hommes y sont mes frères.Dis-moi aussi la couleur des fleurs et le goût du miel sur mes lèvres.Les champs retournés, et la sueur de celui qui la travaille.Grande école apprends-moi toutes ces choses, que je ne sois pas en bataille !