On se rencontrera, dans un mois, dans un an.
C’est écrit dans le ciel, je le sais maintenant.
Notre rencontre en fait ne dépend que des astres.
Je t’ai cherché partout. J’ai usé du vaudou
Et consulté voyants, mages et marabouts.
En vain, car en amour ma vie vire au désastre.
Je voulais à tout prix savoir et où et quand
Je te rencontrerai. Pour briser ce carcan,
J’ai même recouru à l’oracle de Delphes.
J’en ai sacrifié des poules et des coqs,
Et confectionné des fétiches en toc.
J’ai parfois invoqué les esprits et les elfes.
On comprend rarement les règles de ce jeu.
On gobbe les appâts, les leurres piégeux,
Parce que l’on confond amour et attirance.
J’ai cru plusieurs fois le trouver en chemin,
Au détour d’un regard, d’un frôlement de main.
J’étais toujours déçu. Ce n’était qu’apparence.
Cette fois, j’en suis sûr. Mars va croiser Pluton,
Ce qui rend le présage certain. Du béton !
D’autant plus qu’Uranus s’éloigne de Saturne.
J’ai vendu ma lunette pour observer le ciel,
Mes grilles de lecture et mes didacticiels.
J’économiserai tant de veillées nocturnes.
J’ai jeté à l’égout toutes mes potions,
Philtres et élixirs, tout en décoction.
Je n’ai gardé au cou qu’une simple amulette.
J’ai brulé mes bouquins de tarot marseillais
Et libéré mon dernier coq antillais.
Il faudra maintenant que j’aille à l’aveuglette.
J’ai donné mes gris-gris et mes porte-bonheur,
Jusqu’à mon trèfle à quatre feuilles en ton honneur.
Je n’aurai plus besoin de la noire magie.
Je t’attends. Je n’irai plus voir de charlatans.
Surtout ne te fais pas attendre trop longtemps.
Je finirai par douter de l’astrologie.