Chers lecteurs, soyez indulgents,
Prenez pitié d’un indigent,
Je ne suis qu’un poëte en herbe,
Presque puceau, encore imberbe,
Qui éprouve un besoin urgent
De s’évader du contingent.
Suspendez vos propos acerbes,
Chers lecteurs, soyez indulgents.
J’ai écrit avec ma sueur,
Un peu sérieux, un peu joueur,
Un poëme à tirer des larmes.
Je scrute vos yeux et m’alarme
De n’y voir aucune lueur.
Il me vient l’âme d’un tueur
Avec la rime pour seule arme
Quand j’écris avec ma sueur.
Si je vous vois vous en nourrir,
J’en frémis, mais les parcourir
D’un air distant, mes chères lignes,
Sans cacher vos pensées malignes,
Ou pire, ébauchant un sourire,
J’ai soudain l’envie de mourir.
Je crains votre main qui surligne
Quand je vous vois les parcourir.
Je vous offrais sur un plateau,
En proie aux doutes postnataux,
Mon coeur à nu et mes entrailles.
Mais vous hâtez mes funérailles
Allegro appassionato
En remuant votre couteau
Dans la plaie qui me dépoitraille.
Je vous l’offrais sur un plateau.