Je n’écris pas pour tout le monde.
C’est un constat officieux.
L’un me juge pernicieux,
Quand ma poésie surabonde
De vers écrits en dix secondes.
L’autre me dit prétentieux
Quand j’use un mot audacieux,
Minutieux ou gracieux,
Quand je me sers de ma faconde
Pour quelques rimes infécondes.
Je n’écris pas pour une élite
De culs-serrés sentencieux.
Je milite plus, anxieux
A m’en donner l’encéphalite,
En faveur de l’hétéroclite,
Du divers, du séditieux.
Pourquoi perdre un temps précieux
Pour contenter des messieurs
Qui fuient le cosmopolite,
Le provocateur, l’insolite ?
J’écris pour ceux qui me ressemblent,
Ceux qui, irrévérencieux,
Goûtent les traits malicieux.
Je devine là où ils tremblent
Parce que nous tremblons ensemble
D’un vrai frisson infectieux
Devant des vers délicieux,
Emouvants ou facétieux,
Ceux pour lesquels nous allons l’amble,
Qui, par parenté, nous rassemblent.