Un jour prochain, je m’en irai,
Pris soudain d’une lassitude
Du monde et ses vicissitudes,
Et d’un désir de solitude.
Quand la vie n’aura plus d’attraits,
Je veux gommer tout d’un seul trait.
Au petit jour, je partirai
Vieillir sous d’autres latitudes,
Cacher loin ma décrépitude
Aux proches, à la multitude,
Ayant brûlé tous mes portraits
Et tout ce que j’idolâtrais.
Personne je n’avertirai
Pour fuir la sollicitude
Des miens, leur inquiétude,
Me préserver des platitudes
Des autres, qui me mentiraient.
Sans dire mot je sortirai.
Dans un cloître j’aboutirai,
Laissant toutes mes certitudes
Au dehors. J’ai les aptitudes
Pour chambouler mes habitudes.
Dans le noir je me blottirai
Pour y prier seul, en retrait.
Là, je me remémorerai
Mes lâchetés, mes turpitudes,
Ma froideur, mon ingratitude,
Et mes honteuses attitudes.
Alors je me repentirai.
Je ne serai plus dans l’abstrait.
Je sais que je ressentirai
A la fin, une quiétude
Devant la mort, la plénitude
Des sens, une béatitude.
De blanc je me revêtirai
Le jour où je comparaîtrai.