A cette heure là
A l’heure où mon pays s’éveille,
A l’heure où frémit la campagne,
A l’heure où pointe le soleil
Sur les toits noirs de la Fréanne,
A l’heure où mon pays s’éveille,
A l’heure où frémit la campagne,
A l’heure où pointe le soleil
Sur les toits noirs de la Fréanne,
Debout, la main posée
Sur le bois blanc du lit,
A l’heure où la rosée
Vient rafraîchir la nuit,
Tu n’auras plus besoin de nous
En l’an deux mille de notre ère,
Les hommes seront à tes genoux.
Tu sortiras ton petit frère,
Une petite libellule
Qui volait
Se coinça dans une bulle
Qui passait,
Te presse pas, prends ton temps, j’ai mille choses à faire
Je pars le nez au vent, je retourne en arrière.
Avec ma grosse gomme, j’ai effacé le temps,
J’arrive mon bonhomme ! Demain j’aurais dix ans.
C’était le temps des au revoirs
On agitait pas les mouchoirs
Tant ils étaient mouillés de larmes.
C’était le temps de ce jardin
Ou s’amusaient quelques gamins
C’est vrai, nous eûmes des orages
Comme le chantait le grand Jacques,
Je ne fus pas toujours très sage
On se croit mer, on n’est que flaque.
Moi, je mourais un peu, toi tu naissais à peine,
Je ne sais de tes yeux lequel m’avait séduit,
Chienne pleine d’amour entre toutes les chiennes.
Comme le temps fut court ! Je te salue Lilly.
Traces de loups, tâches de lune,
Ils sont passés sur les sentiers,
Et ce matin, la mousse est brune
Du sang de l’inhumanité.